À un an des élections locales et deux ans de la présidentielle de 2025, la Côte d’Ivoire engage une somme considérable de 18,2 milliards FCFA pour la révision de sa liste électorale. Cette opération, essentielle pour garantir la fiabilité du processus électoral, revêt également une importance économique majeure avec des répercussions sur l’emploi et la logistique.
Alors que la Commission électorale indépendante (CEI) a officiellement lancé la révision de la liste électorale pour la période du 19 octobre au 10 novembre 2024, le coût de cette opération est loin d’être anodin. Une enveloppe budgétaire de 18,2 milliards FCFA a été débloquée pour l’exercice 2024, marquant l’un des efforts financiers les plus importants à l’approche des élections.
Cette révision électorale vise à actualiser le fichier des électeurs ivoiriens et à inscrire les nouveaux citoyens, une démarche essentielle pour garantir la crédibilité du processus démocratique. « Il s’agit de capter les nouveaux électeurs, de tenir compte des mutations et de s’assurer que les listes électorales soient représentatives », a souligné Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, président de la CEI, lors de l’annonce officielle.
Une impulsion pour l’économie locale
Le financement de la révision électorale n’a pas qu’un objectif politique. En effet, son impact économique se manifeste déjà à travers la création d’emplois temporaires pour les agents de recensement, ainsi que le recours à des entreprises locales pour les services logistiques, la fourniture de matériel électoral et la campagne de communication. Ces dépenses massives soutiennent la demande dans plusieurs secteurs de l’économie ivoirienne.
Par ailleurs, la digitalisation du processus à travers l’enrôlement en ligne pour les électeurs déjà inscrits constitue une opportunité pour le développement du secteur technologique. Cette innovation, bien que limitée aux modifications de lieu de vote, ouvre la voie à un système électoral plus efficient et moins coûteux à long terme.
Un budget priorisé au détriment d’autres secteurs ?
Toutefois, ce budget de 18,2 milliards FCFA, s’il est vital pour assurer la transparence électorale, pourrait soulever des questions sur l’allocation des ressources publiques. Certains projets d’infrastructures ou de développement pourraient être relégués au second plan en raison de cette priorité budgétaire. Néanmoins, l’enjeu est de taille : maintenir la stabilité politique et renforcer la confiance des investisseurs étrangers, un facteur clé pour assurer la poursuite des investissements en Côte d’Ivoire.
Un enjeu politique et économique
Pour la Côte d’Ivoire, à l’aube de deux échéances électorales cruciales, cette révision de la liste électorale constitue un double enjeu. Sur le plan démocratique, elle renforce la légitimité du processus électoral. Sur le plan économique, elle stimule temporairement l’activité, notamment dans les secteurs de la logistique et des technologies. L’investissement est également perçu comme un garant de la stabilité politique, un élément indispensable pour maintenir un climat favorable aux affaires et à l’investissement.
En mobilisant un budget aussi conséquent, l’État ivoirien parie sur l’avenir de son processus électoral et sur la crédibilité des scrutins à venir. Un pari qui, s’il est réussi, pourrait bien avoir des retombées positives à la fois sur le plan politique et économique.